La Roque-Sur-Cèze (BPF Gard)
La Roque-sur-Cèze, un des plus beaux villages de France, récemment élu au titre de BPF, en remplacement du Pont du Gard dont l’accessibilité était refusée gratuitement aux cyclistes. Je profitai de la concentration de Pâques en Provence 2017, légèrement excentrée cette année, pour me joindre à cette grand messe et profiter du parcours proposé le samedi. Dès mon arrivée à Chusclan, je ressens l’essence originelle de notre mouvement. Ici, la convivialité se lit et s’entend. La parité homme, femme, est bien supérieure à la moyenne dominicale. Des barbes blanches, des ventres arrondis, très minoritaires toutefois, des baroudeurs qui se devinent à leur aspect, des sourires, et l’impression d’être bien dans sa peau, de mettre dans sa poche, et le mouchoir dessus, ce look ostentatoire que l’on rencontre de plus en plus souvent. Je perçois le plaisir de se retrouver, d’être ensemble avec l’envie et la certitude de passer une bonne journée, avec des paysages à traverser, des villages où s’arrêter, à visiter, des routes où sans cesse on va se voir, se doubler puis se revoir et se redoubler encore.
La Roque-sur-Cèze, BPF 30, province du Languedoc
Et me voilà parti sur une route étroite en direction de Bagnols-sur-Cèze. La voie idéale, sans voitures, de quoi vous mettre de bonne humeur dès les premiers tours de pédales. Aussi, dès les premiers cyclos rencontrés, je lève le pied, pour un bonjour amical et un petit mot aimable. Deux cyclos devant moi que j’identifie rapidement comme deux cyclotes dont l’une n’est autre que la présidente fédérale Martine Cano. Un brin de route ensemble et quelques mots échangés, puis chacun poursuit son chemin… La direction d’Alès draine une circulation assez soutenue, vite abandonnée pour une petite route qui, par Donnat nous conduit, à travers des pinèdes, jusqu’à La-Roque-sur-Cèze. Premier arrêt. Je monte au village par une pente assez raide. Là, certains collègues ont adossé leur monture calme de ce village de pierres blondes qui déploie ses charmes entre ciel et Cèze, accroché à son piton rocheux en surplomb de la rivière. Je photographie aussi, avec un appareil que j’étrenne. Je marche sur les pavés, du pas mal aisé que procurent les cales des chaussures. J’allais redescendre quand je me ravise. J’ai encore un cérémonial à accomplir, BPF = coup de tampon. Oui, mais où ? Un panneau indique: crêperie à 30m. Pourquoi pas. Je m’y avance, le vélo à la main. Une passante m’aborde, étonnée par tous ces cyclistes qu’elle a rencontrés depuis Bagnols-sur-Cèze. Je lui explique la concentration pascale et le but de ma quête, brebis solitaire, à l’écart du troupeau, dans cette rue pavée. Je cherche un commerce, un tampon et je vais jusqu’à cette crêperie, apparemment fermée. « C’est moi qui ai la clé, j’y vais. Je rentre de vacances » me dit-elle « et je n’ai pas trop envie de m’y remettre ». Un tampon, je crois que la patronne en a un. Le temps de la recherche du sésame, de quelques mots échangés, ainsi se construit la petite histoire, toujours différente, de chaque BPF validé. Elle me délivre le précieux cachet, je lui souhaite une bonne reprise et de penser aux prochaines vacances. Redescendu au niveau de la route où stationnent des cyclos se contentant de la vue du village, je redémarre pour bifurquer aussitôt, avant le pont à voie unique, en direction des cascades du Sautadet. Le site est remarquable, la rivière a façonné cette sorte de plateau calcaire en un relief tourmenté où l’eau trace son chemin chaotique, de cascade en cascade, creusant des crevasses dans lesquelles elle s’engouffre formant parfois des marmites de géant.
Les cascades du Sautadet
À quelques kilomètres de là, un deuxième village, classé parmi les plus beaux de France, est indiqué. Montclus est à peine à l’écart du circuit. Certains cyclos s’arrêtent au croisement où se trouve le panneau indicateur, hésitent, d’autres passent sans s’arrêter. Je m’arrête à mon tour parmi une quinzaine, stationnés là. Finalement deux cyclotes s’engagent vers Montclus. Je fais de même. L’une dit à l’autre: « on a toute la journée, ce serait idiot de ne pas faire ce petit crochet pour aller visiter». Je déclare avec Aragon, la femme est l’avenir de l’homme. Encore une fois je remarque cet état d’esprit féminin empreint d’évidence et de sérénité. Et ce kilomètre supplémentaire nous fait découvrir ce petit village niché dans un méandre de la Cèze. Le calme règne sur la place et dans les ruelles étroites aux belles maisons. Un donjon veille sur le village que je laisse derrière moi, entouré de collines verdoyantes avec, par endroits des vignes et des champs de lavande qui apportent leur touche magique. Après un changement de direction, la route, plus large, serpente amplement en suivant la pente bien modeste du col de Pierre-Brune qui culmine à 260m. Portion roulante, sillonnant à travers la garrigue, surplombant un ruisseau. À Laval-St-Roman, la pente s’inverse et je me laisse glisser tranquillement jusqu’à l’entrée d’Aiguèze où se situe le ravitaillement. Une petite route me conduit jusqu’au terrain de camping-cars, sous les oliviers. De loin, les couleurs bariolées de tous les cyclistes déjà arrivés attirent l’oeil, palette multicolore au milieu du vert tendre des vignes et du vert argenté des oliviers. Si l’oeil est satisfait, je reste sur ma faim par la faute d’un ravitaillement plus que parcimonieux accompagné d’eau à discrétion tout de même (de quoi justifier le prix de l’engagement !). Mon ravitaillement personnel palliera le manque. Petite contrariété vite oubliée par la visite du village d’Aiguèze.
Point de ravitaillement avant le village d’Aiguèze
Situé à la sortie des gorges de l’Ardèche, je l’avais aperçu voilà deux ans lorsque j’avais pointé les BPF des Vans et de Vallon-Pont-d’Arc. Je l’avais ignoré, j’étais alors repu de paysages, de coups d’oeil, de belvédères (et de kilomètres) et j’avais mis le cap sur Valence où nous allions retrouver notre fille. Aujourd’hui l’occasion se présente et je prends le temps de visiter cette place forte aux vieilles pierres, aux ruelles pavées, riche d’un patrimoine local dont l’église St-Roch n’est pas le moindre fleuron. Des cyclos sont attablés aux terrasses des restaurants qui affichent des prix raisonnables. Dommage, mais la découverte vient tardivement. Il aurait fait bon manger un simple plat, attablé sur cette place où les platanes doivent maintenir un brin de fraîcheur l’été venu. Je rentre dans l’église, arpente les ruelles, emmagasinant photos et souvenirs avec ce troisième des « plus beaux villages de France ».
La chartreuse de Valbonne
Le quatrième arrêt est pour la Chartreuse de Valbonne. Comme toujours quand il s’agit de Chartreuse, le plaisir est déjà dans l’approche, toujours dans un lieu reculé, isolé, mais toujours dans un cadre bucolique invitant au recueillement et à la sérénité. La Chartreuse du XIIIe siècle, implantée au milieu d’une forêt millénaire, s’est aujourd’hui diversifiée avec un restaurant, un hôtel, une production de vins en Côtes du Rhône, des concerts.. C’est à la fois un lieu d’accueil et de travail, touristique et culturel. À ce stade de la randonnée, je pense que ce BPF atteint une bonne cotation à, mon échelle sentimentale. J’en ai connu de plus fades. Je vois encore quelques lavoirs dans des traversées de villages.
Retour à Chusclan par la rive droite du Rhône
Je m’offre la boucle de Vénéjan où se tiendra demain la grand-messe cyclotouristique. Et c’est en longeant la rive droite du Rhône que je rejoins Chusclan au terme de 105 kms fort agréables et un BPF en plus !
René BALDELLON – CC Vias.
Petite annonce
Je collectionne depuis plusieurs années les cartes postales des sites BPF mais il m’en manque encore. Je souhaiterais en échanger avec d’autres collectionneurs pour compléter, ou éventuellement en vendre. Parmi les autres thèmes qui peuvent intéresser les cyclistes, il y a les cartes de vélos. Je collectionne aussi d’autres thèmes (vaches, gares, par exemple). Comme j’irai à la SF, cette manifestation pourrait être l’occasion de rencontrer d’autres mordus des cartes et de faire des échanges. Pour ceux qui n’iront pas, je peux me mettre en rapport téléphonique avec eux.
Mes coordonnées : Chantal Krafft, 14 rue de l’Elmerforst, 67200 Strasbourg, 03 88 30 14 77
E-mail : chantal.krafft@gmail.com