Tarn-et-Garonne
Trois étapes riches en souvenirs et en découvertes auront été nécessaires pour visiter et apprécier les six sites BPF de ce département.
ÉTAPE 1 : MIRADOUX-CASTELSARRAZIN
Les premiers coups de pédale sont laborieux sur un itinéraire bosselé, en particulier pour accéder sur la hauteur de Flamarens, ultime tertre gersois très pittoresque, qui mérite le détour pour un large panorama sur la plaine de Lomagne, pour son château féodal, son église et son habitat typé. Je pénètre dans le Tarn-et-Garonne au bas de Mansonville et remonte en faux plat la vallée de l’Arrats, affluent de la Garonne. Je quitte cette vallée pour une rampe soutenue au dessus de l’autoroute et arrive au sud d’Auvillar. Nous profitons d’une vue admirable sur le village et sa partie ancienne. Nous sirotons un café dans ce bar hôtel où l’on fête habituellement notre première course de côte lors de Bordeaux-Sète en dégustant un demi délicieux. C’est aussi pour moi l’occasion du premier pointage. Nous franchissons la tour de l’horloge et déambulons sur la rue ancestrale qui donne sur une place occupée par une harmonieuse halle circulaire.
Nous dévalons ensuite vers la vallée de la Garonne et une plaine envahie par des arbres fruitiers épanouis. Une petite route s’immisce dans ce rose ambiant ; elle traverse St-Nicolas-dela- Grave dont l’église possède un clocher octogonal, et dont la mairie occupe le château de Richard-Coeur-de-Lion. Nous filons vers le confluent du Tarn et de la Garonne qui forme un immense plan d’eau et longeons le canal du midi jusqu’à Moissac. La visite de la splendide abbaye romane, s’impose véritable dentelle de pierre. C’est aussi une étape jacquaire dont nous profiterons. Nous n’égrenons pas un de ses fameux raisins, mais nous contentons d’une menthe à l’eau et d’un chocolat face au chef d’oeuvre roman (ici, le coup de tampon est plutôt « salé »).
Nous nous risquons sur la N113 évidemment très motorisée, puis la quittons du côté de Malause où un gars vraiment sympa nous précède en voiture pour nous mener sur la bonne voie : les gens charitables existent. Nous suivons le canal sur un itinéraire bucolique, nous en éloignons parmi les prés, sommes ravis de faire connaissance avec le joli village d’Espalais .Il est temps de franchir à nouveau la Garonne d’où l’on aperçoit Auvillar bien perché sur son coteau : il faut donc gravir cette fameuse côte, haut lieu de nos exploits lors de nos nombreux Bordeaux –Sète. Je reconnais le majestueux château de St-Roch proche du village du Pin, en arrivant dans le village vert de Castelmeyran situé sur un oppidum gaulois, dont l’issue est montante. Voici Castersarrazin, terme de cette agréable première étape : la recherche d’un hôtel n’est pas simple. C’est en bordure de la N113 que nous trouvons notre havre dont la prestation sera aussi correcte que l’accueil chaleureux.
ÉTAPE 2 : CASTELSARRAZIN-CAUSSADE
Cette journée promet d’être rude et la promesse sera tenue ! J’apprécie donc un départ sans aspérités, malgré la densité de la circulation. Après la traversée de Labastide-du-Temple, mon horizon se peuple de coteaux. D’ailleurs La Française occupe une agreste colline. Je surplombe un Tarn peu prolixe et file sur la D.927 qui évite le village perché, mais m’oblige cependant à quitter la « plaque ». Il me tarde d’entrer dans le vif du sujet et de quitter cette avenue trop fréquentée pour respirer en solitaire (égoïsme du cyclotouriste) le bon air de ce pays. La D.2 m’en donne amplement l’occasion. Je longe tout d’abord un immense champ d’asperges. C’est ensuite une série de vallonnements et une longue ascension vers Durfort-La- Capelette, aux nombreuses églises, qui est aussi le royaume du Chasselas. On débute sur des faux plats sympathiques parmi une riche arboriculture et face à un large panorama. La longue descente qui suit est moins agréable sur un bitume rugueux et endommagé. Nous voici au coeur d’une campagne cette fois plus sauvage moins cultivée dans la vallée secrète de la Barguelonne. Bien sûr, il faut remonter sur le plateau : c’est digne d’un petit col où le paysage charmant apaise les douleurs naissantes. Pour nous repaître du point de vue, nous nous installons dans un pré d’où l’on peut admirer la butte de Lauzerte : c’est l’heure du pique nique délicieux dans un calme à peine effleuré du trille de quelques oiselets et du murmure du vent dans les hautes herbes. Il y eut même une courte sieste sous les genévriers. Ce répit persiste tout au long d’une descente cette fois sans cahots ni dangers. Avant d’attaquer le rude tertre, nous apprécions le fleurissement délicat d’un moulin sur le Lendou. Et « tout à gauche » ! Le café a été mérité, le coup de tampon aussi. Lauzerte mérite le détour et une visite de sa vieille cité moyenne-âgeuse. Le dénominatif de « plus beau village de France » n’est pas usurpé. La place centrale est une des plus belles de la région et son église St Barthélémy un chef d’oeuvre.
Les remparts ouvrent leur porte pour nous laisser glisser vers la brève vallée retrouvée, brève car les deux rampes qui nous séparaient de Durfort durèrent fort. Heureusement ce circuit bosselé est un régal pour les yeux. Suit un contexte de montagnettes et d’un parcours qui devint plus exigeant du côté de Vazerac dont l’église massive se distingue du lointain. J’apprécie le double réconfort du rire et de la faconde de pétanqueurs. Molières a évidemment un patronyme évocateur, mais est aussi un bien joli village. Le vent se déchaîne et la route de crête moutonne, sinue, offre quelques échappées sur la plaine riante jusqu’à Montpezat-de-Quercy autre haut lieu riche en histoire. La pression est de mise ainsi que le quatrième coup de tampon. Nous arpentons quelques ruelles bordées de maisons antiques à colombages, sa place de la République et ses arcades, contournons sa sculpturale collégiale du XIV éme dédiée à St-Martin, mais ne nous attardons point car le ciel s’ennuage. Pour parvenir à Caussade, le final est surtout descendant vers la plaine alluviale de l’Aveyron d’où émerge le clocher polygonal et aérien de son église. Non loin de ces belles façades renaissances, nous trouvons notre gîte et son restaurant pour fins gourmets tenu par un dacquois badin et fin cordon bleu. A la suite de ce petit festin bien arrosé, il est temps de récupérer d’une étape éprouvante.
ÉTAPE 3 : CAUSSADE – ST-ANTONIN-NOBLE-VAL
De bon matin l’ondée crépite sur les toits, de quoi ne pas mettre un cyclo dehors ! Un peu de patience me permet de pédaler sous la queue apaisée d’un nuage. La D.17 est d’un abord doucereux, ne montant qu’en pente douce vers un plafond si bas que j’y pénètre peu avant Puylarauque aux environs nébuleux. J’oblique vers Caylus dans un paysage de causses embrumé, subit un long faux plat moins digeste qui me hisse sur le point haut de mon parcours (390m). Nous parcourons ses ruelles où subsistent de bien vieilles demeures, visitons son église, sa vaste nef centrale ; nous contournons sa halle majestueuse, vaguons près du château où nous pique niquons avec une vue apaisante sur la Bonnette, ruisseau charmant. Une dame se promène avec ses chiens ce qui induit un dialogue à propos des animaux, de Caylus et des choses de la vie…Les chiens nous ont adoptés au point de trahir leur maîtresse et d’un peu nous accompagner, un peu seulement. Ils ne nous suivent pas, la queue basse, comme à regret vers ce bar où le café devrait être suivi du coup de tampon ! « Devrait » car je ne trouve plus ma carte de B.P.F. ! Où l’ai-je égarée ? Faudra-t-il que je reprogramme un tour en Tarn-et- Garonne ? Je repasse à vélo sur notre itinéraire de découverte et retrouve la fameuse carte sur une marche de l’église, en prière sans doute. Ouf ! Il y aura donc le cinquième témoignage du parcours.
L’étourdi chanceux se laissa glisser dans la douce vallée de la juvénile Bonnette sous un ciel à nouveau menaçant. Le château de Cas y dresse son imposante silhouette affleurant les nuages. Il date du IXe, a été plusieurs fois endommagé et restauré. Je rejoins la vallée de l’Aveyron et encore un superbe village classé : St-Antonin-Noble-Val. C’est l’ultime site officiel de ce département dont les choix de pointage sont particulièrement judicieux. C’est un des plus anciens villages médiévaux situé dans les gorges de l’Aveyron : maisons à ogives ou colombages, plus ancien hôtel de ville de France, palais vicomtal, nombreux lieux de culte : une féérie médiévale ! C’est un fabuleux point d’orgue pour une randonnée très appréciée malgré une météo mitigée En guise d’épilogue, il y eut Bruniquel autre haut lieu touristique et cinématographique, et la place monumentale de Montauban. Et l’orage tonna lors de notre retour au bercail. La motivation s’accrut pour la visite d’un prochain département : ce sera la Haute-Garonne.
Jean-Louis VILLENEUVE – C Nerbis-Chalosse – Lauréat N° 497