gazette entete

N° 9 – Novembre 2012

Du col d’Allos en 1992 à Ermenonville en 2005

col allos

Et l’aventure commença au col d’Allos

La quête des 534 estampilles, à raison de six par département français, nécessaires et obligatoires pour l’obtention de ce brevet, est vraiment ce qu’on appelle une entreprise de longue haleine, mais il est vrai qu’aucun délai n’étant imposé, nous avons toute la vie pour le réaliser.

Il m’aura donc fallu 13 ans, presque jour pour jour, pour recueillir la totalité des 534 tampons de l’hexagone, ce qui est d’après les statistiques, une durée moyenne. En effet, mon grand ami Serge Calonne, de Liévin, a dû batailler durant 36 ans. Certains mettent moins de dix ans, d’autres plus expéditifs moins de cinq ans, pour arriver à boucler l’aventure, car c’est à n’en point douter une réelle aventure, mais une aventure merveilleuse, à travers la France profonde et à travers le temps.
Pour ma part ayant commencé ce brevet à l’âge de 60 ans, je savais que je ne pouvais pas espérer imiter Serge Calonne, à moins de devenir presque centenaire et de pratiquer encore le cyclotourisme à cet âge plus qu’avancé, ce qui relevait pour le moins d’un optimisme plutôt exagéré, digne d’un utopiste délirant !
Mon premier pointage se fit le 15 juin 1992 en haut du col d’Allos dans les Alpes de Hautes Provence, ce fut d’ailleurs le seul de l’année, étant plus occupé à l’époque à la collecte des cols qu’à celle des estampilles.

En 1993, dans les mêmes dispositions, seuls les cols de la Cayolle et la Sainte-Baume vinrent augmenter le maigre total.
L’année 1994 fut de beaucoup plus prolifique avec 20 contrôles, malgré le temps occupé à la réalisation d’un Tour de France durant 32 jours, mais qui me permit de pointer au passage trois grands cols à savoir Tourmalet, Lautaret et Izoard ; la Semaine Fédérale de Mer venant compléter la collecte avec les sites de Chambord, Romorantin, Montigny-le-Ganelon, Beaugency et Chenonceaux.

chenonceaux

Chenonceaux, site BPF majestueux de Touraine © D.Clerc

Cependant c’est l’année 1995 qui vit le grand départ avec une fructueuse récolte de 61 contrôles, l’affaire était bien lancée et ne devait plus connaître de ralentissements notoires. Les Provinces de Lorraine, du Lyonnais, de la Provence, du Comtat Venaissin et du Comté de Nice furent entièrement terminées.
En 96, j’entrepris un voyage itinérant en solitaire et en autonomie complète de plus de 3000 km.
Partant d’Arles j’allais rejoindre St-Palais-sur-Mer puis retour par Aubusson-d’Auvergne, notre Gîte fédéral, et le col de Richemont dans le Jura ; le retour se faisant par le Vercors, pour redescendre jusqu’à Arles.
Avec ce VI, je réalisais en même temps une randonnée « Mer-Montagne » Atlantique Jura qui clôturait ma série et m’octroyait la médaille des cinq massifs et trois mers avec le numéro 21 ; en outre je collectais au passage 43 pointages.
1997 fut surtout consacré au mythique pèlerinage d’Arles à Saint-Jacques-de-Compostelle sur le chemin duquel je ramassais tout ce qui pouvait l’être mais qui se limitait à 16 coups de tampons.
Avec mon deuxième Tour de France réalisé en 1998, cette fois-ci en solitaire et en 48 jours, je pris le temps sur mon itinéraire, d’aller effectuer quelques écarts pour récolter 41 contrôles, et pour finir en beauté aller quérir, le 13 août celui du plus haut col de France, à savoir l’Iseran, où je devais faire en plus une rencontre tout à fait extraordinaire avec un cyclo polonais, qui devait devenir par la suite un très grand ami.
Ce brevet des provinces françaises est souvent l’occasion de rencontres tout à fait fortuites, mais qui restent à jamais gravées dans notre mémoire, tant elles représentent des instants merveilleux, ce que j’appelle moi, des instants d’éternité.
Pour preuve cette fameuse rencontre déjà citée, en haut du col de l’Iseran avec « mon » Polonais, et avec lequel je suis resté en contact, et que je suis même allé voir à vélo en 2001, dans son pays aux frontières de l’Ukraine.
Celle aussi de l’ancien coureur cycliste, Jean Le Guily, fameux grimpeur du Tour de France et ancien coéquipier de Louison Bobet entre 1951 et 1955, rencontré au restaurant du Faouët, et qui m’a dédicacé une photo de lui, le montrant en compagnie de Jean Robic dans la montée du Tourmalet en 1951.
Il faut vous dire que ce brevet est l’essence même du cyclotourisme : pas de contrainte de temps, visite à son rythme de la France profonde et hexagonale.
Notre pays recèle en effet des trésors parfois complètement inconnus du grand public. Des sites remarquables tant au le plan de la nature, massifs montagneux à profusion, bords de mer de sable fin, de rochers déchiquetés ou de dunes impressionnantes, que sur celui du patrimoine exceptionnel que nous possédons et que nous pouvons admirer tout à loisir. Je veux parler de ses châteaux forts moyenâgeux, style renaissance ou classique, ses cathédrales romanes ou gothiques, ses palais prestigieux, ses abbayes remarquables, ses monastères cisterciens ou bénédictins.

mirepoix

Les couverts de Mirepoix, BPF discret de l’Ariège © M.Cano

Bien sûr, le Mont Saint-Michel, Rocamadour, le Cirque de Gavarnie, la Pointe du Raz, Chambord et quelques autres sont connus du plus grand nombre, mais qui connaît vraiment, Mirepoix, Brantôme, l’abbaye du Canigou, Orcival, Coulon ou Saint-Germain-de-Fly ?
Et je pourrais en citer beaucoup d’autres mais la liste en serait fastidieuse tant elle est riche et longue, et ce brevet nous permet justement de ne pas passer à côté de ces merveilles ignorées. Bien souvent, d’ailleurs, je reviens en voiture pour des visites plus complètes avec des amis, heureux comme moi de découvrir ces sites remarquables.
Pour conclure, je dirai que ce brevet magnifique dans son esprit et pour les satisfactions qu’il peut nous apporter, est à la portée de tout cyclo relativement bien entraîné.
C’est vrai qu’il nécessite beaucoup de temps, et si l’on veut vraiment bien profiter de tout ce qu’il peut nous faire découvrir, il faut l’entreprendre à un âge qui correspond aux possibilités de voyages et de disponibilités de chacun d’entre nous.
Le BPF, un état d’esprit, du cyclotourisme à l’état pur, une certaine façon de visiter la France, de la déguster à petite dose, mais avec tellement de bonheur, que ce serait dommage de ne pas essayer de le tenter.
Alors à vous de jouer, vous ne le regretterez pas, j’en suis sûr !

Philippe Degrelle – Lauréat N° 322

 

 

ATTENTION: Afin d'éviter les abus, les réactions sont modérées 'a priori'. De ce fait, votre réaction n'apparaîtra que lorsqu'un modérateur l'aura validée. Merci de votre compréhension.