La Gazette du BPF

Les BPF de la Creuse

Province de Marche

S’il est un département où nous  allons rarement, c’est bien la Creuse.

Bien sûr nous avons tort. Loin des routes à grandes circulation, il apporte la tranquillité. Pour les cyclotouristes, c’est un paradis de petite routes, très agréables. Certes, c’est bien vallonné, mais ce n’est pas de la haute montagne. On y circule dans les forêts et autour des nombreux lacs, le plus célèbre étant Vassivière. Les villages agricoles sont assez désertiques. Il vaut mieux prévoir son alimentation. Qu’on se rassure quand même, ce n’est ni la brousse ni le désert. J’ai traversé des bourgades bien agréables : La Souterraine, Dun-le-Palestel, Auzances, Crocq, Evaux-Les-Bains, Chénérailles, sans oublier les plus importantes Aubusson, Felletin et Guéret.

Des pâtures où les maisons semblent endormies

A Guéret, si la rubrique Vélocistes existe encore dans le Guide des Bonnes Adresses, je recommande « La Boite à Vélo » (14 rue Pasteur) équipée en matériel course et VTT. En plus, Eric et son assistant, passionnés et pratiquants, sont des mécaniciens compétents et disponibles. Les offices de tourisme délivrent les parcours des deux Vélos-Routes ouest (83 km de St -Martin-Ste-Catherine à Crozant) et est (de Vassivière à Boussac). Les itinéraires sont vraiment cyclables, ce sont de petites routes tranquilles et bien balisées. Les deux dépliants apportent des renseignements importants.
(voir : www.tourisme.com). « Des pâtures où les maisons semblent endormies ».

C’est en 1981, lors d’un 1000 randonneur, que je pointais à Evaux-les-Bains, sur une carte verte. Ce n’est pas dans l’esprit du BPF, je sais, aussi depuis je revisite ces sites pointés à la hâte, en appréciant la gastronomie locale cette fois-ci, l’environnement, l’architecture, l’histoire, en un mot le patrimoine, et en n’oubliant pas le coté humain tout aussi important. Oui, j’ai rencontré quelques Creusois, pittoresques et très sympathiques.
En plus du pointage obligatoire sur la carte, je complète ma collection de cartes postales que je compile dans des « albums BPF ». Que de souvenirs pour les soirées d’hiver !

Châtelus-le-Marcheix

Cette première randonnée me renvoie l’idée que je me faisais de la Creuse : des forêts, des pâtures où les maisons semblent endormies.
Châtelus doit son nom à un château qui se dressait au sommet du village. Il ne reste que la chapelle qui borde le cimetière, celle-ci est devenue l’église. A voir en haut du village, normal pour un BPF, pente courte de 10%. Selon la rumeur, le pharmacien Paul Pélissier, inventeur de la fameuse liqueur, la Bénéventine venait ici herboriser au début de XXème siècle.
Le pointage est fait à l’office de tourisme, qui est à la fois la bibliothèque et centre culturel.
L’accueil y est très agréable et les renseignements fournis, judicieux.
Pour rejoindre St-Martin-Ste-Catherine, je quitte Châtelus par une descente qui me fait découvrir le barrage et la très jolie vallée du Taurion.

Anzème

C’est le pays des 3 lacs. Le village est un peu déserté. Il reste un seul un restaurant, fermé le matin. Il est 10 h, le petit bureau de poste est ouvert, un gentille postière oblitère la carte et me parle de son pays. Mieux vaut prévoir quand même l’appareil photo ! Dans le bas du village, on rejoint la Creuse (la rivière) avec une vue magnifique sur le Pont du Diable et la plage.
La remontée vers le Bourg d’Hem n’est pas négligeable. Au travers de la forêt, on jette un coup d’œil sur les Trois lacs.

Crozant

En ne trainant pas pour arriver à Crozant avant la fermeture des commerces, je ne peux m’empêcher de m’attarder à La Celle-Dunoise, magnifique village touristique de la vallée de La Creuse. Sur la route, une ville plus importante Dun-le-Palestel, que je signale pour ses commerces et restaurants.
Qu’on se rassure, 11 km plus loin, on arrive à Crozant, site touristique, un beau village de France, pléonasme, c’est un site BPF. Il est bien équipé en restaurants et commerces. Il est 12H30, je pointe à l’épicerie-tabac-cadeaux-souvenir tenue certainement depuis très très longtemps par Madame Laberthonnière. Pour apprécier les lieux, je vais admirer les ruines du château féodal au confluent des boucles de la Creuse et de la Sédelle. Le château a été démantelé par Richelieu.
Je rejoins La Souterraine par la véloroute ouest, tranquille.

St-Georges-Nigremont

De loin un des sympathiques et des plus agréables BPF non seulement pour le site, mais par les « responsables » du contrôle, M. et Mme, des Creusois authentiques.
On ne passe pas à St-Georges- Nigremont, on y vient, on y reste et on y revient, ce que j’ai fait 4 jours plus tard. Le BPF se justifie par le site : du haut de ses 746 m et de sa table d’orientation on a une vue sur le Massif central et le Mont d’Or. Les 146 derniers mètres de dénivelé s’étalent sur 2,5 km, ça grimpe, mais rien de bien difficile. Arrivée au sommet du village, je dirai : de la place on découvre l’église, la mairie, une pizzeria, un ancien café et la table d’orientation mais aucune âme qui vive. Cela semble mal parti pour le cachet sur la carte. Un panneau indique « Cyclos contrôle au café ». Après les photos, je me dirige donc vers ce café, apparemment l’ancien café du village. J’ai de la chance, les tenanciers sont présents, ce qui n’est pas toujours le cas. Je peux me désaltérer en écoutant leurs souvenirs liés aux cyclos, une longue histoire, et y acheter l’ultime carte postale du panorama depuis la table d’orientation.
Je rencontre un couple de personnes âgées qui maintiennent le café en activité, pour le pointage du BPF. Nous y sommes accueillis. Le monsieur est très sérieux dans son rôle de contrôleur : il me dit qu’il y a des tricheurs dans le pointage, il les dénonce ! Je ne reviendrai pas sur l’éthique de notre brevet. Un plaisir de rencontrer de telles personnes, leur accueil, leurs récits, leur chaleur humaine me font chaud au cœur. J’ai rencontré des Creusois typiques. J’ai du mal à les quitter. J’y reviendrai, en effet.

Quelques jours plus tard, j’y repasse. Un cyclo est présent, nous discutons avec plaisir. Pour cette sortie, j’avais une tenue de coureur que mon fils m’avait offerte. Heureusement, je ne pointais plus, j’avais l’air d’un couraillon avec mon vélo de course, mais sacoche quand même, face à notre cyclo et sa randonneuse. L’habit ne fait pas le moine.
En cas d’absence de nos « responsables » prévoir quand même l’appareil photo ! Sinon, dans le village on trouvera une crêperie et la mairie où la permanence de l’office du tourisme de Crocq est ouverte l’après-midi.

Sur un plateau à 700 m,  je rejoins Crocq,  Un arrêt à l’office du tourisme et aux tours médiévales du XIIème  s’impose. Crocq offre un patrimoine riche : ses rues, son écomusée, la chapelle, le dolmen. Du haut de ses tours, on devine la beauté secrète d’un paysage qui invite à poursuivre cette communion de l’homme et de la nature. Une beauté qui, se murmure au fil de l’eau et des forêts.

Toulx-Ste-Croix

Parti tôt dans le brouillard de Champagnat, j’emprunte une bonne partie de la véloroute-est de Creuse, petites routes communales faites pour les cyclos, tranquilles sans voiture (j’en rencontre une dizaine sur les 70 premiers kms). Le parcours est presque plat jusqu’au pied de la colline de Toulx, seuls les 7 derniers kilomètres sont bien rudes pour nous conduire au village. Là-haut, un village désertique : une église et la tour, aucune âme qui vive ! Pas de commerces.

L’appareil photo est obligatoire. J’ai la chance de rencontrer un monsieur très gentil qui me dit que le seul cachet est à la mairie, mais qu’elle est fermée. Heureusement, ce monsieur très gentil est le maire et, gentiment, il s’est déplacé pour valider la carte. Nous avons discuté de la Creuse et de ses habitants. Encore une rencontre qui, à elle seule, vaut le déplacement, autant que le site. La dernière fois qu’un maire avait quitté son travail pour m’accompagner à sa mairie, c’était à Montigny-lès-Cherlieux (70) et Blondefontaine (70) également des villages perdus en Franche-Comté (2011).

A Toulx-Ste-Croix, l’église romane poitevine du XIIème, classée, est séparée de son clocher par un effondrement de trois travées. C’est l’un des plus anciens monuments de Creuse. Elle est la première cité évangélisée en « Limousin » par saint Martial au IIIème siècle. Des fouilles archéologiques ont mis à jour une chapelle qui lui était dédiée.

L’incontournable tour de Toulx est encore dans la brume à 10h passées ! Ce site classé dans un village pittoresque aux petits murets de pierres sèches est perché à 656 m d’altitude. Lieu de surveillance à l’époque gauloise, la tour d’observation offre aujourd’hui un panorama exceptionnel sur 7 départements.

Evaux-les-Bains

Trop bavard à Toulx avec M. le maire, je me précipite à vive allure vers Evaux-les-Bains. Je veux arriver avant la fermeture de l’office de tourisme à midi. J’avais pointé ce BPF en 1981, rapidement lors d’un 1000 km Audax Vernon-Alès, organisé par une figure du cyclotourisme : Lucas ! Autant dire que je n’étais pas dans l’esprit du BPF, et je tenais à y repasser.

A l’allure d’un échappé du peloton, je gravissais la belle côte de 3 km, certainement plus vite qu’il y a 33 ans. A l’époque je n’avais pas encore rencontré de haute montagne, et ces prémisses du massif central étaient déjà pour moi de la montagne. Le sprint dans la ville me permet d’arriver à l’office du tourisme à 11 h 59, il était temps. L’achat de carte postale se fera en ville.
La ville offre toute les activités d’une ville thermale. Je retiendrai l’église St-Pierre-St-Paul. Cette église abbatiale est étroitement liée au culte de saint Marien.
Cinq kilomètres plus bas, le petit village du Chambon-sur-Voueize, classé en 2014 troisième plus beau village de France, me permet de visiter la remarquable abbatiale Ste-Valérie.

Pour rentrer à Champagnat, je retrouve la véloroute-est de la Creuse, le brouillard a disparu,
Le paysage est agréable.

Cette année je n’ai pas parcouru à vélo la partie sud du département, la région du lac de Vassivière en particulier, j’ai franchement bien envie d’y revenir : Limousin et Creuse, j’aime !

Jean-Claude CREMERS – Lauréat N° 527 – VC Roubaix