N° 10 – Mars 2013
Quatre BPF en Ariège
Au printemps 2012, Jacques Toustou a effectué quatre BPF en Ariège, province du Comté de Foix. Il nous raconte ci-dessous ses sorties.
Foix
Premier jour dans l’Ariège. Premier objectif : Foix. Je m’indexe sur le circuit n° 1 de l’Ariège- Pyrénées à vélo pour accomplir cet objectif.
Il est 8h30 quand je pars. Le temps est variable, la température est de 12°, le vent venant du Sud souffle à 20kmh. Ce circuit va me promener aux alentours de Foix dans ce que l’on appelle le Plantaurel. Il fait partie du Piémont pyrénéen, les sommets ne dépassant quasiment pas les 1 000 m, et s’étend tout en longueur ou longitude parallèlement à la ligne de crête des Pyrénées.
Je me dirige vers Dalou et m’arrête devant l’église de Cazals. Le Col de Charcany est le premier Col du séjour, avec une montée de 5 kms à 2-3%, une vraie « mise en jambe ». Deux kilomètres plus loin après une descente rapide, il reste un petit « faux plat » pour atteindre le col de Py (525 m).
Plus loin, je repasse à Foix que je vais parcourir avec minutie. Je parcours la Vieille ville : elle conserve aujourd’hui son caractère médiéval. En témoignent les ruelles étroites (Rue des Marchands, rue des Chapeliers), ainsi que quelques maisons à colombage. Du haut de son rocher impressionnant, le Château domine la ville, contrôle l’accès vers la haute vallée de l’Ariège, surveille le bas pays, se protège derrière des murailles imprenables. L’emplacement du château a été stratégiquement bien choisi car comme la centaine de châteaux forts de l’Ariège (la plupart sont en ruines de nos jours), il date d’une époque de grande insécurité, de brigandage, de rivalité de territoire et en plus il devait commander le passage de la chaîne des Pyrénées pour lutter contre les invasions.
Les grottes du Roc de Foix au confluent de l’Ariège et de l’Arget, sur lequel est construit le château, étaient déjà habitées à la préhistoire. Une forteresse s’y élève à l’époque mérovingienne mais le château que nous admirons a été construit autour de l’an mil. Je regagne ensuite Saint-Paul-de-Jarrat au terme d’une randonnée de 59 kms pour un dénivelé de 538 m.
Montsegur
Deuxième objectif du séjour, obtenir la validation du site de Montségur. Il fait 3° ce matin quand je quitte Saint-Paul-de-Jarrat. Malgré ce temps froid, le soleil est bien présent, le vent venant de l’Est m’aidera à bien finir cette randonnée qui va me demander de la volonté.
Première difficulté de la journée : le col de la Lauze. Parti de 500 m à partir de Celles, il faut atteindre 940 m tout au long d’une montée à 7% avec des passages parfois à 9-10%.
Le col de Montségur est bientôt en vue, il m’aura fallu presque 30 minutes pour accomplir ces malheureux 4 kms ! Atteindre 1000 m était un objectif, mais le château lui est 200 m plus haut. Et ce sera donc à pied !
Le château de Montségur (Montsegur en occitan), construit en 1206, est un château qualifié de cathare. En effet, ce château fut implanté à l’emplacement arasé de l’ancien village fortifié qui constituait, jusqu’au siège de 1244, le lieu de résistance des cathares et des faydits.
Pour accéder au Château, c’est à pied et la pente est exigeante.
Chaque année, au solstice d’hiver, le premier rayon de soleil à l’horizon traverse le château dans sa longueur et, au solstice d’été, il traverse les quatre archères du donjon au nord-ouest avec une précision millimétrique. Un phénomène comparable est visible à Quéribus. Certaines personnes y voient un lien entre le culte solaire, d’origine manichéenne, et la religion des cathares.
À l’extérieur, au pied des murailles, s’est constitué un véritable village cathare de 600 habitants avec son évêque, ses diacres et ses fidèles. Ce sont les ruines de ce village que l’on aperçoit ici. Plus bas se trouve l’actuel village que je rejoins pour me faire apposer le tampon de validation du BPF/BCN.
Puis c’est la descente vers Bélesta en suivant les gorges du Lasset.
Juste avant d’y arriver, je m’arrête devant la Fontaine de Fontesorbes. C’est l’une des curiosités de la nature. La rivière qui sort de la grotte de Fontestorbes coule par intermittence. Cette fontaine vauclusienne se déverse en cascade de la grotte pendant 36 minutes et 36 secondes, puis s’arrête pendant 32 minutes et 30 secondes. Le phénomène d’intermittence est d’une régularité astronomique.
J’atteins ensuite Roquefixade, qui signifie la « roche fissurée » et évoque l’énorme entaille naturelle comblée par la construction d’une arche de pierre du château. Je poursuis ma route jusqu’à l’hébergement que je rejoins après avoir accompli 82 kms et un dénivelé de 1617 m.
Lordat
Troisième et avant dernière randonnée pour aller chercher le BCN-BPF de Lordat.
Je sors de la D 618 pour me diriger vers le « Pont du Diable ». Le pont du Diable, également appelé pont Saint-Antoine, est situé en Ariège entre Foix et Tarascon-sur-Ariège. Il surplombe le cours d’eau de l’Ariège et permet de relier la commune de Montoulieu à celles de Saint-Paul-de-Jarrat et de Mercus-Garrabet.Pendant très longtemps, les origines de ce pont sont tombées dans l’oubli, au point que la légende a pris le dessus.
De l’intersection jusqu’à Arnave, la montée se fait sur un pourcentage de 2% en moyenne. A la sortie d’Arnave jusqu’à Cazenave, on va passer de 600 m à 935 m avec des pentes à 8 – 11%. Après ce pont se situe une partie extrêmement exigeante qui va me mener à Cazenave. Puis, on gagne le « Pas de Souloumbrie » situé à 911 m par des pentes n’excédant pas 2%.
Je suis sur la route dite « des Corniches », route parallèle à la N.20, 400 m plus bas. Je roule dans une ambiance musicale de ruisseaux et de cascades avec parfois aussi les clochettes des moutons sur les prés alentours. De temps en temps la route plonge vers un torrent pour ensuite remonter toujours sur des pentes douces.
Il est 10h 30 quand j’atteins Lordat. La curiosité du lieu est son château. C’est l’un des plus anciens et des plus vastes châteaux féodaux du Comté de Foix. Placé sur un piton calcaire situé à 965 mètres d’altitude, ses murailles surplombent le Sabarthès (la haute vallée de l’Ariège) de 400 mètres.
Dans la descente, à Vernaux, je m’arrête devant une très belle église romane. Probablement bâtie par les moines bénédictins de Lagrasse, l’église Sainte-Marthe date du XIIème siècle. De petite dimension, elle n’a qu’une seule nef. Elle a été construite en tuf de Vernaux, pierre calcaire locale. Autour du choeur ses trois absides sont disposées en trèfle. Son portail d’entrée a été rajouté au XVIème siècle.
J’arrive à Luzenac qui doit sa réputation à la carrière de talc de Trimouns. Cette carrière produit chaque année 400 000 tonnes de talc, destinées à divers secteurs industriels (papier, peintures, plastiques, caoutchoucs, céramiques, cosmétiques). 270 salariés permanents travaillent sur le site de Luzenac, auxquels s’ajoutent 70 employés saisonniers entre avril et novembre.
Un peu plus loin, j’arrive à Mercus-Garrabet et quitte ma route pour gravir une petite côte et arriver devant l’Eglise Saint Louis.
Je rejoins le point de départ après avoir accompli 67 kms et 839 m de dénivelé.
Mirepoix
Aujourd’hui ce sera une randonnée longue, près de 100 kms, avec les difficultés sur la fin. Je traverse Foix pour longer ensuite l’Ariège sur sa rive gauche. J’entre à Vernajoul où je m’attarde devant son église romane, l’Assomption.
Plus loin, l’église romane Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Verges date du XIIème siècle. Cette église est une des plus belles de l’Ariège. Son plan comprend une seule nef prolongée par une abside percée de trois fenêtres. Au niveau du choeur un appendice a été rajouté de chaque côté de la nef sur lequel s’ouvre une absidiole.
Ensuite, j’arrive à Vals. L’église est semi-rupestre, ce qui signifie qu’elle est en partie construite dans la roche du moins pour sa partie basse. L’édifice a la particularité d’être construit sur trois niveaux : une nef inférieure, dans la roche, prolongée par une abside rectangulaire abritant des fresques romanes. Une nef supérieure, remaniée à plusieurs époques, en particulier au XIXe siècle où elle a été surélevée. Enfin, une chapelle haute du XIIe siècle dédiée à saint Michel surmontée d’une tour-donjon.
Je poursuis ma route et arrive à Mirepoix, mon dernier « contrôle » du département de l’Ariège. La ville, initialement établie près du lit de l’Hers, sur sa rive droite, est inondée par une violente crue en 1289. Totalement détruite, elle est rebâtie immédiatement sur l’autre rive de la rivière, mais cette fois sur une terrasse naturelle surélevée. Un arrêt est quasiment obligatoire pour la cathédrale Saint-Maurice, et ensuite sur la place des couverts. Les maisons s’organisent autour de cette magnifique place du XII°. Les galeries, où sont aujourd’hui installés des commerces, et qui constituent de bien agréables terrasses de café, dateraient du XV°. Elles s’appuient sur des piliers de chêne ; les poutres horizontales soutiennent les premiers étages des maisons, dont les façades peintes rehaussent les colombages et contribuent à une ambiance chaleureuse et gaie, peut-être un art de vivre…
Les poutres de la Maison des Consuls sont particulièrement travaillées : sculptées de têtes humaines très expressives ainsi que d’animaux divers.
Muni de mon tampon sur ma carte, je quitte Mirepoix et poussé par un vent favorable, je regagne Saint-Paul-de-Jarrat. L’itinéraire va devenir plus accidenté. En chemin, je m’arrête devant le château de Rocles. Au total 92 kms et un petit 814 m de dénivelé.
Texte et photos : Jacques TOUSTOU – ASIC Dirol