La Gazette du BPF

n° 14 – Printemps 2015

Pour vivre notre France

« De plaines en forêts, de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j’ai vécu à ce que j’imagine
Je n’en finirai pas d’écrire ta chanson
Ma France
Au soleil de l’été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d’Ardèche… »

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Louis-Ferdinand Céline en 1932

Merci Ferrat pour cette chanson que j’associe à ma quête des BPF. Oh certes, les voyages forment la jeunesse, Céline lui voyageait jusqu’au bout de la nuit en restant dans sa chambre, mais nous, fragiles cyclos nous avons une vie pour vivre notre France au fil des BPF, une vie de voyages pour rester toujours jeunes. Un voyage qui commence à n’importe quelle heure de n’importe quel jour, souvent dans sa chambre comme Céline ou à son bureau, penché sur une carte, déjà parti par l’imagination d’un tracé qui se déroule en jaune, bordé de vert, des noms de localités qui s’égrènent et puis un but à atteindre où là, forcément il ne s’agira pas de pointer bêtement son carton, mais où l’on sait déjà, et c’est là que l’approche est importante, il faut calculer son coup, parcourir une certaine distance avant, en un mot mériter le site, donc où l’on sait déjà que notre vie de cyclotouriste va s’agrandir d’un nouveau souvenir.

Car il ne s’agit pas de ne faire que du vélo, et c’est bien là l’intérêt de ce brevet, il s’agit de mêler le sport à un moment que l’on va garder imprimé dans sa carte mémoire vélocipédique. Moment différent de tous ceux qu’on peut avaler au fil des kilomètres parce que là il y a quelque chose à voir, une histoire à connaître, une approche par une route particulière, un panorama ignoré par les avaleurs de bornes, un climat particulier et pourquoi pas une spécialité gastronomique dans une auberge authentique, c’est pourquoi il faut bien calculer son approche et mériter vraiment son BPF, un musée qui va nous transporter dans le temps, dans un lieu. N’oubliez pas les photos!

C’est tout ça un BPF, une histoire qui nous est propre à chacun et qui n’a de valeur que pour soi, un brevet sans limite de temps et qui dure, pour qui sait faire durer le plaisir, toute une vie. Alors ne soyez pas pressé de boucler la France, une vie c’est long pour peu que la santé soit là. Tant que durera ce brevet, les projets fleuriront encore, projets de voyages (on reste toujours jeunes). Les plus belles pages sont celles qui restent à écrire. Alors n’hésitez pas, quel que soit votre âge, l’avenir vous appartient et il ne tient qu’à vous de vous lancer dans ce grand jeu. « Je n’en finirai pas d’écrire ta chanson, ma France.. »

Ainsi les soirs d’hiver, quand le vélo demeure pendu dans le garage, que reste-t-il des milliers de kilomètres parcourus dans une saison ? Une mémoire un peu vague, des faits saillants ici ou là et puis un petit carton avec un tampon, une localité, une date, peut être une petite annotation en marge. Les souvenirs remontent, précis, indélébiles car le petit carton restera, des années plus tard, témoin d’un moment de notre histoire. Il aura jauni, on aura vieilli, mais qu’importe, la tête ne vieillit jamais et on se retrouve comme à 20 ans, 30 ans… Des jalons qui font toute une vie et un brevet qui scelle et englobe toute l’activité qu’on a déployé des années durant et à ce jeu on ne perd jamais. Tout ce qui est acquis est inaliénable, comme la liberté de penser. De penser que ce brevet est vraiment le graal du cyclo-touriste.

René BALDELLON – Pézenas VCLL

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