La Gazette du BPF
n° 13 – Novembre 2014Chasse aux BPF dans le sud est de la France, par JM Lefèvre
Voyage itinérant réalisé du 23 juin au 09 juillet 2014.
2133 kms en 17 étapes, 12 départements traversés (Puy de Dôme, Haute Loire, Ardèche, Isère, Hautes Alpes, Alpes Maritimes, Var, Bouche du Rhône, Hérault, Gard, Aveyron, Tarn) passage en Italie.
Depuis 32 ans je participe au Brevet des Provinces Françaises. Au gré de mes différents voyages, j’ai récupéré de nombreux pointages. Mais il m’en manque encore beaucoup, éparpillés dans toute la France. J’ai donc décidé de boucler ce merveilleux Brevet pour mes 60 ans (j’en ai 57…). La tâche est ardue, car les contrôles manquants sont répartis sur l’ensemble
du territoire.
Cette année, je projette de terminer toute la partie Sud Est, qui n’est pas la plus facile, avec des contrôles comme: La Bérarde, Notre Dame de la Salette, le Gioberney, l’Abbaye de Boscodon, St Véran…, des noms qui font rêver…mais bien difficiles à obtenir !
Durant l’hiver 2013, je trace mon parcours. Je coche les contrôles sur la carte, il me suffit alors de joindre chaque ville contrôle, en essayant au maximum de tracer un itinéraire agréable, sans trop de grandes routes. J’y arrive assez facilement, fin décembre le parcours est prêt !
J’ai décidé de partir du Gîte d’Aubusson d’Auvergne, bien pratique, car on peut y laisser sa voiture en toute tranquillité, le temps que l’on veut. Et puis, une soirée au gîte des Cyclos, c’est toujours sympa, on y rencontre des gens partageant notre passion, ça c’est super… sauf que cette année, il n’y a pas foule au gîte, la soirée sera brève mais sympa tout de même.
Etape n° 1 : Aubusson d’Auvergne – Monistrol d’Allier, 162 km
Dès le départ, la « couleur » est annoncée, ça grimpe ! Et oui, il faut que je m’y habitue, ce voyage sera sous le signe de la grimpette ! D’ailleurs je franchis mon premier col, le col des Fourches, pas bien dur, pas bien long, mais tout de même. Je pointe ce jour mon premier BPF de ce Voyage itinérant à Lavaudieu (Haute Loire). J’en profite pour manger dans ce charmant village, bon repas en terrasse en compagnie d’une tribu de chats. J’arrive à l’étape à 17h30, un peu fourbu quand même… J’ai réservé une nuit au gîte des Pèlerins (nous sommes sur les chemins de St Jacques-de-Compostelle). Chambre sympa, le repas aussi, en compagnie de 2 Randonneurs pédestres.
Etape n° 2 : Monistrol d’Allier – Lanarce, 153 km
L’étape du jour sera encore « musclée » avec de nombreuses côtes, qui valent largement un col !
Le premier contrôle a lieu au lac du Bouchet (Hte Loire) mais le restaurant est fermé, alors photo obligatoire…
Le second pointage, c’est à St- Front (Dernier tampon pour ma carte BPF de la Haute-Loire), où je décide de manger. L’unique restaurant du village est plein, la patronne, seule pour faire la cuisine et servir, semble un peu débordée et énervée…
La montée du Mont Gerbier de Jonc (BPF Ardèche) n’est pas trop difficile, je remplis mes bidons et je me désaltère à la terrasse du café. Il fait très chaud cet Après-midi… Cette seconde étape est payante, puisque je pointe 4 BPF, le dernier de la journée au lac D’Issarlés (Ardèche). Sur la route de St Front.
Il est 18 h 00 quand j’arrive à Lanarce.
Il tombe des cordes ce soir, aie ! aie !
Etape n° 3 : Lanarce – Die, 182 km
Départ à 7 heures, il ne pleut plus. L’étape démarre mal, je me trompe de route après le col du Pendu, et je fais 8 kms de plus, je passe en prime le col du Bez (1229 m). Cela m’apprendra à lire plus précisément ma carte… Ensuite la route jusque Loubaresse (BPF Ardèche) est magnifique, tout comme le village.
Après cet échauffement de 30 kms de grimpette, la descente sur Aubenas est la bienvenue ! Ensuite c’est la longue montée du col de l’Escrinet. Quand j’ai tracé ce parcours, je redoutais un peu cette portion de route sur la D104 entre Aubenas et Die, circulation assez dense entre autre, mais en définitive cela se passe bien. Après le col de l’Arenier, longue descente sur Privas puis longue route vers Die, que j’atteins à 18h30 assez fatigué.
Etape n° 4 : Die – Bourg d’Oisans, 127 km
Première étape de haute montagne, les choses sérieuses vont commencer…
Et pour débuter, le col de la Grimone, suivi du col de la Croix-Haute, 2 cols que j’avais déjà dans ma musette…
La bonne assiette de tagliatelles va me donner la force nécessaire à l’ascension du difficile col d’Ornon, et là je m’aperçois, que demain il faudra le remonter dans l’autre sens. Et oui, pour pouvoir pointer la Bérarde, il fallait que je passe par Bourg d’Oisans, pas moyen de faire autrement que grimper ce beau petit col 2 fois, (la première pour aller à Bourg d’Oisans la seconde pour repartir vers les Hautes-Alpes et les autres réjouissances..).
Lors du tracé, je pensais naïvement arriver relativement tôt à Bourg d’Oisans, poser mes sacoches au gîte, et partir à l’assaut de l’Alpes-d’Huez ! Hélas c’était sans compter sur la météo (très orageuse en cette fin de journée) et ma méforme du moment, je décidais donc d’annuler cette montée de l’Alpe, décidément, je n’arriverais jamais à l’accrocher à mon tableau… sûr, l’an prochain je reviens pour faire le BRA et la veille je me fais l’Alpe !
Pour me consoler, je m’offre une bonne glace au centre de Bourg d’Oisans, ville dédiée aux Cyclistes… Il y en a partout !
Etape n° 5 : Bourg d’Oisans – Corps, 125 km
Allégé de mes 2 sacoches avant, le vélo devrait m’emmener sans encombre à la Bérarde, site BPF perdu au bout de la vallée du Vénéon. Les premiers kilomètres se font sur une route assez fréquentée, mais dès que l’on vire à droite sur la D530, c’est du bonheur…
Une petite route, sans circulation, dans un décor de rêve. 29 kms séparent Bourg d’Oisans de la Bérarde, ça grimpe bien, mais je tiens la forme, deux passages sévères avant d’arriver. Les derniers kilomètres sont assez impressionnants sur une route vertigineuse, magnifiques points de vue, je me régale.
A 13 heures, ma Randonneuse a retrouvé ses sacoches, et moi le col d’Ornon, grimpée que je redoute un peu, mais en fait cela se passe bien, les 11 kms ne me semblent pas trop pénibles.
Route sympa en forêt avant de trouver la fameuse route Napoléon qui me conduit à Corps.
Etape n° 6 : Corps – N-D Salette – Gioberney – Corps, 102 km
Le menu du jour est simple : Montée à notre Dame de la Salette, site distant de 15 km de Corps, route pentue à souhait dans les Alpages, rencontre avec un berger et ses moutons. Il me dira que son troupeau en compte 1400… Là-haut une abbaye, faisant hôtel et restaurant, c’est beau sans plus. Le temps gris ne sublime pas le paysage non plus.
Il est midi quand je pars à l’assaut du Gioberney. Rien que sur la carte il impressionne, en effet le final est sur une route classée route dangereuse…c’est tout dire !
27 kms de grimpée pour trouver le tampon du Gioberney, au début route facile, tranquille, sympa. Mis à part les mouches, qui ont décidé aujourd’hui de m’ennuyer, par dizaines elles se déchainent sur moi, ne tenant plus je décide de m’arrêter chez le pharmacien.
Je lui explique mes deux soucis :
– Pour les mouches, une bombe aérosol devrait suffire, il faut y croire. Résultat : pas vraiment à la hauteur des espérances et du prix (8 euros quand même).
– Second souci, beaucoup plus gênant, depuis 3 jours, j’ai un abcès bien mal placé, qui me fait terriblement souffrir. 9 heures sur la selle, il est inévitable qu’à un moment, je vais remuer et là, il me rappelle à l’ordre. La charmante pharmacienne, comprends bien mon problème, et me conseille une pommade antibiotique, elle sera efficace, mais quelques jours après seulement. Cela me gâche un peu le plaisir parfois… j’en connais, qui auraient abandonné depuis longtemps !
Après cet arrêt, la route sera terrible, pente très sévère, des pourcentages annoncés à 12, 14, 15 et même 17 % quand on fait l’erreur de prendre le virage à la corde. Mais que c’est beau, sauvage, désert, sublime. La cascade du voile de la mariée, ajoute encore à ce décor de rêve.
Vraiment la montée du Gioberney est un sacré morceau, ce qui me faire dire, qu’en fait le BPF n’est pas accessible à tous, des pourcentages aussi sévères doivent en décourager plus d’un ?
Photo souvenir, coup de tampon sur ma carte, demi tour pour retrouver l’hôtel. En effet la route du Gioberney est un « cul de sac » mais c’est un plaisir de la refaire dans l’autre sens, et d’apprécier différemment ce superbe panorama…
Comme prévu, la rampe d’Orny est difficile, à cause de la pente sévère (12%) et de la circulation…
Etape n° 7 : Corps – Guillestre, 115 km
Ce matin le départ se fait sous la pluie. Je retrouve la N85 qui est très tranquille ce matin et dimanche de surcroit. Direction GAP, qui se traverse facilement. La difficulté du jour, c’est le BPF de l’abbaye de Boscodon, 8 kms pas faciles du tout. Le site est joli mais sans plus. Il pleut toujours, j’arrive à l’abbaye complètement trempé.
A partir d’Embrun la N94 est interdite aux vélos ? Après consultation de ma carte, je m’oriente vers St-André-d’Embruns, route hyper tranquille. A la sortie de St-Clément je rejoins la nationale et fonce en direction de Guillestre. Si l’étape n’est pas trop difficile par son relief, elle le sera par la douleur provoquée par mon abcès.
Etape n° 8 : Guillestre – Borgo San Dalmazo, 143 km
Tout d’abord montée à Saint-Véran (plus haute commune d’Europe (2040 m), ensuite ascension du col Agnel, réputé coriace, c’est le troisième plus haut col de France avec ses 2744 m, ensuite plongée sur l’Italie et route vers Cuneo et plus si bonne forme. Avouez que l’étape est belle et difficile ! J’avais le choix en préparant ce voyage entre deux routes possibles pour continuer, et aller chercher le BPF de la Brigue (Alpes Maritime). Soit passer par le col de Vars et ensuite le col de la Bonnette, route magnifique, mais que je connais, ou alors, monter le col Agnel et descendre vers l’Italie pour rejoindre le col de Tende. C’est cette option que je choisis, je ne le regrette pas…
Il fait froid ce matin au départ de Guillestre. 33 kms séparent Guillestre de St Véran, passage à Château-Queyras, et Molines-en-Queyras. J’atteins St-Véran sans grande difficulté à 10 h 00. Il fait un temps superbe, la journée sera belle et chaude. Après quelques photos et le coup de tampon marquant la fin de ce département des Hautes-Alpes, je redescends vers Molinesen-Queyras, point de départ du col Agnel.
Par chance, la route aujourd’hui est réservée de 9 h à 12 h aux cyclistes. La montée du col Agnel est certes difficile, mais je tiens la forme, les 1100 kms déjà parcourus en montagne sur ce voyage, n’y sont pas étrangers. Il y a des passages très sévères à plus de 10%, mais qu’il est beau ce col. Superbes paysages, des cascades, de la neige, de plus en plus présente au fur et à mesure que je progresse, pour finir avec des beaux talus d’environ 1 m sur les côtés. Beaucoup de monde dans la montée, et principalement des jeunes, très jeunes même, ils sont costauds les gamins. Beaucoup de cyclos m’encouragent, et me disent « bravo, faut le faire avec les sacoches! ». C’est vrai que faire une grimpée avec un vélo tout nu (comprenez sans les sacoches) ou avec le vélo chargé, il n’y a pas de doute que la difficulté n’est pas la même, mais avec des développements adaptés (ici 28×29) je grimpe, pas facilement mais je grimpe…le compteur ne s’affole pas, il voisine souvent le 7 km/h. A 12h30 j’arrive au col. Première impression, il fait froid, et il y a beaucoup de vent. J’enfile mon coupe-vent et je fais quelques photos pour immortaliser ce moment de pur bonheur d’être arrivé en haut de ce grand col.
La vue sur la descente vers l’Italie est impressionnante, la pente semble encore plus raide que le versant Français…et dire que dans quelques minutes je vais m’élancer de ce côté ! Il faut avoir confiance en sa machine et surtout en ses freins. Je ne traine pas bien longtemps en haut, d’ailleurs il n’y a rien, pas le moindre bistrot.
Je m’élance vers l’Italie, longue et rapide descente vers Cuneo. Je n’ai pas trop envie d’y faire étape, je préfère avancer en direction de Limone. Je traverse Cuneo au « feeling » qui se révèlera être bon, je suis sur la bonne route vers Borgo San Dalmazo où je décide de m’arrêter. Mon souci à ce stade de mon voyage, c’est le franchissement du col de Tende, passage obligatoire pour retrouver la France et poursuivre ma route vers les Alpes Maritimes. J’ai 3 possibilités. La première, c’est franchir le col de Tende en passant par le tunnel, mais celui-ci est interdit aux vélos. La seconde, c’est franchir le vrai col de Tende à vélo, côté Italien, le revêtement est bon, mais côté Français c’est un chemin plus ou moins défoncé. Cela ne m’enchante pas, les quelques comptes-rendus que j’ai lus ne m’ont pas rassuré. J’opte donc pour la troisième solution, la plus facile, la moins fatigante, mais la plus sécurisante et la plus rapide. Je prends le train à Borgo San Dalmazo pour passer le fameux tunnel et je descends de l’autre côté de la frontière à Vievola. L’hôtelier fort sympathique, pianote sur son ordinateur pour me trouver les horaires du train. Super, il y en a un qui part demain matin à 8 heures, la gare est distante de 3 kms de l’hôtel, ce n’est pas le bonheur ça ?
Etape n° 9 : Borgo San Dalmazo – Castagniers les Moulins, 110 km
Après ce transfert en train émaillé de quelques péripéties, je retrouve avec plaisir ma Randonneuse et les belles routes de France. Le village de la Brigue, pointage BPF vraiment pas facile à obtenir, niché à la frontière Italienne dans ce très beau département des Alpes maritimes. C’était l’ultime coup de tampon pour ce département, et un de plus dans la collection.
Je redoutais en traçant mon parcours la route pour rejoindre le col de Brouis, la circulation annoncée me faisait un peu peur, en fait la route fût tranquille, peu de trafic. Le col de Brouis n’est pas super facile, ça grimpe bien. Après Sospel, j’affronte les pentes du col St-Jean, puis encore une ascension de 11 kms pour franchir le col de Braus, et ça continue de grimper jusqu’à Tourette-Levens puis Castagniers, où je fais étape.
Etape n° 10 : Castagniers – Carces, 154 km
Ce matin, le début d’étape emprunte une route à forte circulation. Après Carros, la route devient cool, ouf, par contre un petit col se présente et pas le plus facile…le col de Vence. Je le connais pour l’avoir grimpé dans mon Tour de France, mais de l’autre côté. Ce versant me paraît beaucoup plus difficile…il ne fait pas bien beau, c’est brumeux et cela ne présage rien de bon. La route qui mène à Gréolières me parait longue et difficile, je suis littéralement scotché à la route. Ce n’est qu’après le repas du midi que la forme reviendra.
Passage par les jolis villages Varois, dont Bargemon. Je grimpe encore deux petits cols avant d’atteindre Draguignan. Il fait maintenant une chaleur accablante. Traversée facile de cette ville, par contre, pour sortir de Draguignan en direction de Lorgues, il y a une belle bosse, ajoutez la grosse circulation, pas facile, je suis heureux d’arriver là-haut et trouver une route plus calme. Ce soir, l’étape c’est à Carcès, village typique Varois.
Etape n° 11 : Carces – Cassis – Sete, 90 km
C’est une étape encore un peu particulière. En effet, je dois me rendre à Cassis, pour y pointer mon dernier contrôle des Bouches-du-Rhône, et ensuite me rendre à Sète pour attaquer la deuxième partie du voyage et la longue remontée vers Clermont-Ferrand. Le seul problème, c’est la traversée de Marseille, c’est horrible à faire à vélo, j’en ai fait les frais il y a quelques années, je ne tiens pas à recommencer. J’opte donc pour un nouveau voyage en train entre Cassis et Sète. La route jusque Brignoles est facile et agréable… le matin à la fraîche, c’est super de rouler dans cette région. Ça se corse après Brignoles, car ce n’est pas simple de trouver la bonne route. Maintenant la route est belle est facile jusque Cassis. Un Cyclo m’accompagne durant 20 bonnes minutes, c’est bien sympa de pouvoir bavarder. Il faut quand même reconnaitre, que voyager seul, prive de l’usage de la parole une bonne partie de la journée. Il est 11 heures quand j’arrive à la gare : 4 heures d’attente avant le départ du train. Je décide d’aller déjeuner au bord de la mer et découvrir ainsi Cassis, ultime pointage des Bouches-du- Rhône à l’office du tourisme en bordure de la plage.
J’arrive à Sète à 19 heures. J’ai réservé un hôtel situé juste à côté de la gare, il n’est franchement pas terrible. Après dîner, en rentrant à l’hôtel, un mauvais tour va gâcher ma soirée. Pour me rendre aux toilettes, il faut aller de l’autre côté du couloir, qui est séparé par deux marches, la lumière ne fonctionne pas longtemps sur la minuterie, je me retrouve vite dans le noir, et ne vois pas les marches, je tombe et me tords violemment la cheville, j’ai cru un instant avoir un malaise, tant la douleur fût vive, aussitôt ma pensée va à la suite de mon voyage ! Et si mon pied était cassé ? Ou grosse foulure ? De retour à la chambre, je constate les « dégâts » le pied enfle, ça, ce n’est pas bon signe… Je mets de la pommade, je verrai bien demain, à cet instant, le moral est au plus bas, j’envisage la suite assez pessimiste…
Etape n° 12 : Sete – Murat/Vebre, 142 km
Cette étape, s’annonce particulièrement difficile. Déjà par la météo, pourrie ce matin, il pleut et il y a un vent terrible. Par mon pied qui est très enflé, et qui est tout rouge-violet. Par le manque de sommeil de la nuit agitée que je viens de vivre, et enfin par le relief, très tourmenté.
Ma dernière visite à Sète à vélo, remonte à 2009, la traversée fût un véritable cauchemar, j’ai à l’époque perdu beaucoup de temps pour retrouver la bonne route. C’est donc avec un peu d’appréhension que je m’élance pour sortir de cette ville. Mais cette fois, je trouve facilement mon chemin et bientôt je suis sur la route qui borde l’étang de Thau. Il y a un vent terrible, la mer est déchainée, mais fort heureusement il souffle du bon côté pour moi, ce qui me permet de gagner des km à bonne allure et rallier Agde rapidement.
Ensuite, après renseignements, on me conseille vivement de passer par Bessans pour rejoindre Béziers, mais cela me rallonge de 18 km ce n’est pas rien, mais la tranquillité n’a pas de prix… Béziers, autre
grande ville, que je redoute, et là, la traversée est beaucoup plus laborieuse, on m’indique déjà une mauvaise direction, ensuite il y a beaucoup de circulation, il faut être extrêmement vigilant. Je peux ensuite apprécier l’étape et grimper deux cols (Poirier et Fontfroide). Je me fais surprendre par un orage avant d’arriver à Olargues. Je suis trempé, j’ai beau tenter un abri sous un arbre, rien n’y fait, ça mouille !
Il est déjà 17 h 30 quand j’arrive à Murat/Vébre, la fatigue se fait sentir, je dois encore faire 30 km avant d’arriver à l’étape. C’est trop pour ce soir. Je décide de m’arrêter là, d’autant que mon pied me fait souffrir.
Il faut jouer la prudence, mais voilà encore 30 km de handicap !
Etape n° 13 : Murat/Vebre – Sommières, 171 km
Après une nuit bien reposante, Je suis décidé à refaire mon handicap de 30 kms. Ça commence bien, grâce à une petite route qui me conduit en descente jusqu’à Brusque, route typique, ombragée, cette route me fait gagner 18 kms. Ajoutons les 8 kms que je devais faire hors circuit pour rejoindre mon gîte hier, cela fait 26 kms de rattrapés. Je les conserverai toute la journée.
Le premier pointage de la journée c’est le Caylar que j’atteins sans grande difficulté. Ensuite c’est la traversée du Larzac et sa route désertique, des paysages magnifiques, notamment le cirque de Vissec tout proche du cirque de Navacelles.
Je déjeune à Blandas, autre site BPF. Il fait très chaud aujourd’hui. Mon pied change régulièrement de couleur, aujourd’hui ça vire au bleu foncé, mais aucune douleur en pédalant.
Je frise la catastrophe dans un virage, j’arrive peinard, quand un « connard » arrive lui en coupant le virage complétement à gauche, deux secondes plus tard j’étais bon ! Je pointe mon dernier contrôle pour le département du Gard à Sommières. L’hôtel que j’ai réservé, se trouve à 3 kms de Sommières, et en prime une belle bosse. Mais il est vraiment bien, ça compense !
Etape n° 14 : Sommières – Saint-Rome-de-Tarn, 162 km
Après une excellente étape à Sommières, je dois reprendre la même route qu’hier, pour aller chercher les BPF dans l’Aveyron. 100 kms pour retrouver Le Caylar. Retraversée du Larzac et toujours le même émerveillement devant ces beaux paysages désertiques. La route après le Caylar est facile est sympa jusqu’à Roquefort, où là, je suis surpris de me trouver dans le pays du célèbre fromage, en préparant mon voyage, je n’avais même pas fait le rapprochement. Je pointe le BPF à l’office du tourisme, l’orage menace mais je m’élance quand même vers St-Rome distant de 20 kms. J’ai à peine fait 5 kms que la pluie arrive, bien vite transformée en trombes d’eau, aucun endroit pour m’abriter, j’arrive à St-Rome une fois de plus complètement trempé.
Déception, l’hôtel est fermé. J’appelle la patronne, elle vient aussitôt m’ouvrir, OUF ! Douche chaude, et repos bien mérité dans une chambre minable au second étage, mais les patrons sont sympas, ça compense. Ce soir, il pleut beaucoup à St Rome, et la météo de demain et des jours suivants est très pessimiste…
Etape n° 15 : Saint-Rome-de-Tarn – Rieupeyroux, 155 km
Ce matin, comme annoncé, il pleut. Je pars sous la pluie battante, le moral n’est pas au beau fixe. Premier pointage, Melvieux, où rien n’est ouvert à cette heure matinale. Je me résous à faire la photo du panneau. La route est fatigante, un véritable toboggan, il en sera ainsi toute la journée.
La route jusque Najac, second contrôle de la journée, est très longue, je n’arrive qu’à 16 h. Charmant village, qui mérite le détour.
Ensuite, longue et pénible route jusque Rieupeyroux. Ça monte et sa descend tout le temps. Fatigant. Il est 18 h 30 quand enfin j’arrive à l’hôtel.
Etape n° 16 : Rieupeyroux – Rodez, 40 km
La pluie est toujours au rendez-vous ce matin ! Le début d’étape se fait sur la D988 qui se révèle comme une route à grande circulation mais à cette heure matinale elle est encore relativement calme. Ça se gâte à l’approche de Rodez. A Baraqueville la circulation devient
insupportable, voire impossible.
Je m’arrête dans un bar, je bois un café, et demande une route plus tranquille à la patronne.
Elle m’indique un petit chemin, censé me conduire sans encombre à Rodez. Effectivement la route est tranquille, trop peut-être. Je me perds, je finis dans la cour d’une ferme, ou je dérange le chien, qui n’est pas content de ma visite, et me le fait savoir. Je fais des kilomètres en trop, je grimpe des côtes interminables et pentues comme pas possible…
Enfin je retrouve la route vers Rodez, il est 10 h 30 je n’ai fait que 30 bornes…
Nouvel arrêt pour déjeuner et demander ma direction, Rodez ville pas facile à vélo, ça grimpe fort ! La pluie, la circulation, le moral en berne, tout cela contribue à me poser la question suivante: faut-il continuer, ou s’arrêter là et reprendre ces 2 dernières étapes l’an prochain ?
La gare de Rodez m’attire, je franchis le seuil, je demande s’il y a un train pour Clermont-Ferrand, trop tard, le retour anticipé est enclenché, le voyage prend fin ici.12 h 30 je monte dans le train, 19 h 00 j’embrasse ma fille venue récupérer son cyclo de papa à la gare de Clermont-Ferrand.
La soirée est sympathique chez ma fille, elle va me redonner le sourire. Je crois que j’ai bien fait de m’arrêter.
Etape n° 17 : Clermont Ferrand – Aubusson d’Auvergne, 50 km
Sortir de Clermont Ferrand à vélo, n’est pas la chose la plus simple à faire, mais grâce à l’itinéraire proposé par Mappy, je m’en sors comme un chef.
Il pleut encore, et fort, la dernière grimpette de ce voyage, juste avant d’arriver au gîte est bien arrosée, des trombes d’eau s’abattent sur moi, il est vraiment temps de remballer…
Le Cantal et le Puy-de-Dôme, les deux derniers départements que je devais faire, méritent d’être visités par temps sec ou par beau temps. Aujourd’hui et probablement demain, la brume et la pluie gâchent le paysage !
Texte et photos non mentionnées : Jean-Marc LEFEVRE – MI 02