Le livre blanc – Les aménagements dangereux
Introduction
La baisse relative du nombre de cyclistes tués sur les routes de France, ne doit pas minimiser la perception des risques encourus par ceux-ci. Cent quatre vingt quinze morts et son « lot » de centaines d’accidents graves, ne sont pas acceptables. Le comportement sur la route de tous les usagers fait l’objet de campagnes de prévention et d’information, à la fois sur la nécessité du respect mutuel et du Code de la route. La Fédération française de cyclotourisme participe activement à cette démarche de prévention routière, tant à l’intérieur de ses structures qu’auprès des autres usagers, des collectivités locales et administratives, préfectures, ainsi que vers les ministères de tutelle concernés. Mais dans ces actions, les cyclistes sont-ils suffisamment pris en compte ?
Si la lutte contre l’alcool au volant, la vitesse et l’utilisation du téléphone portable sont des priorités essentielles dans la lutte quotidienne contre l’insécurité routière, elles ne doivent pas nous faire oublier que certaines mesures d’accompagnement, concernant les infrastructures routières et la prévention, sont loin de répondre aux besoins des usagers vulnérables que sont les cyclistes.
Actuellement, ces mesures d’accompagnement dites « Actions sur les infrastructures routières » portent généralement sur les axes suivants :
- la mise en voie unique des sens de circulation et la création de terre-pleins centraux, afin de réduire la vitesse des véhicules,
- réalisation de « tourne-à-gauche » avec également la mise en place de terre-pleins centraux,
- la mise en place de ralentisseurs type plateau ou coussin,
- le maintien de ralentisseurs ancienne génération type dos d’âne.
Si l’usager cycliste s’accommode fort bien des ralentisseurs type coussin ou plateau, il est en revanche très sensible aux ralentisseurs du type dos d’âne, ceux-ci étant potentiellement dangereux pour la stabilité du cycliste.
Les mises en voie unique de circulation, entraînent systématiquement leur rétrécissement et la création de terre-pleins centraux. La prise en compte systématique de la sécurité du cycliste (bande ou piste cyclable séparée de la voie de circulation automobile) est rarement prévue ou n’a pu l’être par manque d’emprise générale (le terre-plein central neutralisé représente parfois la largeur d’une bande cyclable voire de deux…). Sans bande cyclable ou piste cyclable séparée, la mise en voie unique de circulation dont la largeur moyenne varie entre 3 mètres et 3 mètres 50, transforme celle-ci en « sas de ralentissement » où le cycliste sert alors de « ralentisseur humain » à l’usager motorisé qui arrive derrière lui. N’ayant plus les 1 mètre ou 1 mètre 50 nécessaires pour doubler le cycliste (Code de la route Art. R 414-4 I à IV), il doit alors patienter derrière le cycliste.
Malheureusement dans de nombreux cas, les choses ne se passent pas ainsi. Lorsque la mise en voie unique va au-delà d’une trentaine de mètres, les automobilistes et, pire encore, les chauffeurs de poids lourds (très souvent des professionnels de la route) forcent alors le passage et « coincent » systématiquement le cycliste contre la bordure. Depuis plusieurs années, la commission nationale de Sécurité de la Fédération française de cyclotourisme a exprimé des demandes et fait des propositions auprès des collectivités territoriales et locales, des conseils généraux, des directions départementales de l’équipement, ainsi qu’auprès des ministères concernés.
Par le livre blanc, nous réitérons à nouveaux nos demandes pour une route apaisée, et la prise en compte systématique des usagers cyclistes sur ce type d’aménagements routiers, devenus pour certains des « couloirs de la mort ».
La commission nationale de Sécurité de la Fédération française de cyclotourisme, a réalisé en 2003 la Charte cyclable. Ce document technique présente l’ensemble des aménagements cyclables, souhaités et demandés par les cyclistes. Il a obtenu en 2004 le premier prix européen Norauto de la sécurité, et à ce titre est venu valoriser l’expérience et la compétence de ses membres référents en la matière. Les principaux aspects et propositions d’améliorations contre l’insécurité routière et portant sur les sujets traités dans ce livre blanc figurent déjà dans ce document technique.
Jacques Fourna
Délégué général à la sécurité
Une nouvelle édition de La Charte Cyclable a été réalisée fin 2010, nous vous invitons à la consulter sur le site sécurité.