Lavaudieu
La province Languedoc
Département : Haute-Loire (43)
Lavaudieu
Sérénité et plénitude
Si l’abbaye de la Chaise-Dieu attire, du haut de son promontoire, le regard du voyageur, le village de Lavaudieu se cache quant à lui dans la basse vallée de la Senouire.
Point besoin de longue ascension pour franchir le pont, juste la rue pavée qui permet d’entrer dans le village réclamera quelques efforts vite récompensés pour entrer dans ce lieu préservé où les automobiles des touristes n’ont point accès.
Robert, le bâtisseur
Fils de chevalier et ancien moine bénédictin de Cluny, Robert de Turlande décide de s’isoler dans la montagne livradoise. Dès 1043, il entreprend avec ses disciples, la construction d’une « casa dei », mot à mot maison de dieu, sur les hauts plateaux, à environ 1 000 m d’altitude où sont soignés malades, infirmes et pauvres de la région. Quelques années plus tard, en 1057, c’est dans un vallon retiré, mais au climat moins rude, que le fondateur de La Chaise-Dieu, décide d’implanter un monastère de bénédictines, connu d’abord sous le nom de Saint-André-de-Comps. Peu après, ses murs servent déjà de refuge à Judith, fille du Comte d’Auvergne. Au fil des ans, le village va se transformer, toujours marqué par la présence religieuse.
Un bijou de l’art roman
Il fallut quatre siècles pour que le roi Charles VIII autorise en 1487 le changement du nom en Vallis Dei : la vallée de Dieu, La Vau Dieu, sans doute à la demande des religieuses. Après le Concordat de 1516, les moniales, devenues chanoinesses, abandonnent la stricte vie communautaire pour habiter dans des maisons individuelles avec balcons et loggias donnant sur la rivière. Les jeunes filles de bonne famille viennent y parfaire leur éducation, se retirer pour échapper à un prétendant non désiré, voire pour échapper à un scandale.
Si l’on est loin de la ville et de ses visiteurs, le cadre est reposant et les dames chanoinesses ne devaient pas être trop malheureuses jusqu’à ce que la Révolution mette fin à la vie monastique.
Auparavant, un grand Christ polychrome avait déjà été décapité pendant les guerres de religion, mais sa tête sauvée fut, paraît-il, à l’origine de miracles… en tout cas, celle que l’on peut voir aujourd’hui est une reproduction car l’original a été donné au Louvre.
Heureusement, la folie dévastatrice n’a pas détruit l’ancienne abbaye, véritable bijou de l’art roman. Le clocher fut certes tronqué, les bâtiments vendus comme biens nationaux, mais le cloître du XIIIe siècle préservé. C’est le seul que l’on puisse admirer aujourd’hui en Auvergne avec ses élégantes colonnes monolithes aux chapiteaux sculptés, tous différents. Une galerie fait le tour de l’étage, dominant le jardin.
Dans l’église attenante, des fresques du XIVe siècle sont relativement bien conservées évoquant la passion mais aussi la peste, fléau du Moyen Âge.
Du parchemin au cinéma
Pour profiter de ce petit bijou, seules les visites guidées sont autorisées et il serait dommage d’y renoncer tant le cadre est agréable. Si le hasard nécessite d’attendre un moment avant la prochaine visite, il fait bon flâner dans les quelques rues voisines connues des réalisateurs pour leur calme et leur authenticité. Des cinéphiles avertis reconnaîtront peut-être le décor de certains films dont « Les rivières pourpres ». Sur la place, un petit musée retrace la vie champêtre d’autrefois, et à proximité le carrefour du vitrail permet de voir des artisans au travail.
Texte et photos : Martine Cano
Le carrefour du vitrail
Dans cet atelier-musée, le visiteur est initié à la fabrication du verre, puis à la technique du vitrail proprement dit, ainsi qu’à la fabrication des pigments à l’aide d’éléments naturels.
On restaure à Lavaudieu d’anciens vitraux pour les monuments historiques, mais des artistes créent aussi des compositions nouvelles sur commande pour des particuliers, ou selon leur inspiration.
Le vitrail retrouve ainsi une nouvelle vitalité et s’intègre dans des bâtiments modernes.
Ouvert tous les jours de mai à octobre. Tél. : 04 71 76 46 11
Hors saison ouvert en semaine et sur rendez-vous le week-end.
Renseignements pratiques
Office de tourisme de Brioude
Tél. : 04 71 76 46 00
Abbaye
Tél. : 04 71 76 08 90
Musée des Arts et Traditions populaires
Tél. : 04 71 76 46 11